2. Une gouvernance de la gestion des matières et des déchets radioactifs rénovée, renforçant l’association de la société civile
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Publié le 23.11.2022
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Modifié le 02.12.2022
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Objectifs
- Rechercher une plus grande association directe des citoyens et des élus à la gouvernance du PNGMDR*, de son élaboration à sa mise en œuvre
- Améliorer l’accessibilité de l’information relative à la gestion des matières et des déchets radioactifs pour le public
- Mettre en place un cadre de travail pour définir les modalités de l’évaluation décennale du dispositif de gestion des matières et des déchets radioactifs prévue par le code de l’environnement en intégrant les enjeux d’association et de communication auprès du public
Depuis la mise en place du PNGMDR* en 2007, les travaux d’élaboration et de suivi ont été réalisés en lien avec un groupe de travail pluraliste (le GT* PNGMDR*), sous le pilotage du ministère chargé de l’énergie et de l’ASN*, associant les producteurs et gestionnaires de déchets, les autorités de contrôle (ASN*, Délégué à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les installations et activités intéressant la défense [DSND*]), les autorités d’évaluation (Commission nationale d’évaluation [CNE*]), les industriels, des experts (IRSN*, ...), des associations (Greenpeace, World information service of energy [Wise*] Paris, France nature environnement [FNE*], Comité local d’information et de suivi [CLIS*] de Bure, Association nationale des comités et des commissions locales d’information [Anccli*] …). Une cartographie des acteurs de la gestion des matières et des déchets radioactifs sera disponible sur l’espace Internet dédié au PNGMDR*.
Ce type d’association en continu des parties prenantes a permis d’instaurer un espace de dialogue privilégié comme l’a souligné la revue menée en 2018 par l’AIEA*9 . Sur la gouvernance, la revue a indiqué que « la préparation, la mise en œuvre et le suivi du plan sont bien organisés et les principaux intervenants sont engagés dans le plan » et que « la participation publique est organisée de manière exemplaire au niveau local et national ». Elle note également une « amélioration continue du plan » au fil de ses éditions.
Sur les capacités organisationnelles, la revue a relevé que « les principales organisations impliquées dans le programme de gestion des matières et déchets radioactifs avaient mis en place de solides programmes de gestion des connaissances » et que « les efforts déployés par les principaux acteurs du programme de gestion des matières et déchets radioactifs en France pour établir, développer et maintenir les compétences et les capacités nécessaires du personnel sont solides et exemplaires ».
Sur le plan politique, la revue estime que « rendre le plan national juridiquement contraignant par la publication d’un arrêté et d’un décret est une façon solide de mettre en œuvre le plan et d’aborder l’engagement politique dans la gestion des déchets nucléaires qui est fondamental pour le succès ».
Enfin, la revue a estimé qu’il est essentiel pour l’ASN* de rester visiblement indépendante, notamment dans son évaluation du travail produit par le PNGMDR*. Ce point a également été soulevé lors du débat public de 2019 qui s’est tenu en vue de l’élaboration de la présente édition du PNGMDR*.
Au regard de ces recommandations, le ministère chargé de l’énergie sera désormais l’unique maître d’ouvrage du PNGMDR* et seul chargé de son élaboration. Toutefois, l’ASN* maintiendra un niveau d’implication important dans l’élaboration du PNGMDR* avec la publication d’avis relatifs aux différentes filières et le suivi de la mise en œuvre technique et opérationnelle du PNGMDR*, en poursuivant, avec le ministère chargé de l’énergie, la co-présidence du GT*PNGMDR* (cf. action GOUV.1).
Par ailleurs, le ministère souhaite poursuivre la dynamique d’association des parties prenantes à l’élaboration et au suivi du PNGMDR*, tout en proposant des solutions pour mobiliser encore davantage la société.
9 Rapport d’examen intégré portant sur la gestion, le déclassement et la dépollution des déchets radioactifs et du combustible usé (PDF) (Mission Artemis), AIEA
Transcription textuelle
Ce schéma présente les acteurs qui interviennent dans la gestion des matières et des déchets radioactifs ainsi que leur(s) rôle(s) dans cette gestion.
D’abord, la politique nationale de gestion des matières et déchets radioactifs est définie par le Gouvernement qui pilote la gouvernance du PNGMDR, notamment en charge de son élaboration.
Par ailleurs, l’élaboration du plan s’appuie sur une expertise scientifique fournie par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et d’autres organismes de recherche.
Ensuite, l’évaluation de la politique de gestion des matières et des déchets radioactifs est réalisée par plusieurs acteurs, que sont l’ASN, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), l’Autorité environnementale (Ae), l’Autorité de sûreté nucléaire de la défense (ASND), la Commission nationale d’évaluation des recherches et des études relatives à la gestion des matières et déchets radioactifs (CNE2) et le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN).
Enfin, les solutions de gestion des matières et des déchets radioactifs préconisées par le PNGMDR sont mises en œuvre par les producteurs de substances radioactives et l’Andra.
2.1 Une évolution de la gouvernance au profit d’une meilleure association des parties prenantes, des élus et du public à l’élaboration du plan
Focus sur la notion de « gouvernance »
La gouvernance peut être définie comme l’ensemble des actions de pilotage et de suivi d’un projet (les installations d’entreposage ou de stockage par exemple), ou d’un plan/programme constituant le cadre de projets (le PNGMDR* par exemple). Elle vise notamment la façon dont sont préparées, prises et suivies les décisions et elle peut associer des personnes extérieures aux maîtres d’ouvrage, telles que les parties prenantes ou la société civile. À ce titre, elle peut inclure la préparation et le suivi de l’organisation des concertations.
Pour le PNGMDR*, le ministère considère que la prise de décision relève de sa responsabilité de maître d’ouvrage seule mais que la préparation des décisions, y compris le cadrage des concertations relevant du PNGMDR*, et leur suivi doit inclure la participation des parties prenantes et de la société civile. C’est ce périmètre d’association qui est entendu sous le terme « gouvernance » pour la suite.
À la suite du débat public, il a été décidé de renforcer la gouvernance de la gestion des matières et des déchets radioactifs en instaurant également un organe spécifique, la Commission « orientation » pour la phase d’élaboration du plan en complément du GT* PNGMDR* historiquement établi. Cette commission, destinée à éclairer le maître d’ouvrage du PNGMDR* et placée sous la présidence d’une personnalité qualifiée indépendante, a accompagné l’élaboration du présent PNGMDR*.
Afin de ne pas multiplier les instances et de conserver une cohérence dans la nouvelle gouvernance mise en place, la gouvernance de la gestion des matières et des déchets sera désormais réalisée au travers d’une unique « Commission de gouvernance du PNGMDR* », chargée de conseiller la maîtrise d’ouvrage, d’une part, sur la préparation et le contenu du plan, et, d’autre part, sur le suivi de son exécution.
Cette nouvelle instance se réunira selon deux formats, avec les mêmes membres mais sous des présidences différentes, en fonction de la nature des questions traitées et de leur temporalité :
- un format « stratégique », présidé par une personnalité qualifiée indépendante, qui aura vocation notamment à éclairer le maître d’ouvrage sur les enjeux stratégiques du PNGMDR*, dans les conditions qu’il prévoit ou sur sollicitation du ministère, notamment en appui à l’élaboration de ses éditions successives (Commission « Orientations ») ;
- un format « opérationnel », co-présidé par le ministère chargé de l’énergie et l’ASN*, qui sera chargé du suivi de la mise en œuvre du PNGMDR* (Commission de suivi ou GT* PNGMDR*).
L’ensemble des avis émis et des comptes rendus des réunions de la commission de gouvernance, dans ses deux formats, continueront à être rendus publics sur le site dédié au PNGMDR*.
Les règles de structuration, compétence, composition et fonctionnement de cette commission de gouvernance, destinées à garantir la représentativité des parties prenantes et des structures représentées ainsi que la pluralité des points de vue seront définies par un règlement élaboré par le ministère chargé de l'énergie et disponible sur le site du PNGMDR*. Ce règlement précisera également les interactions entre le ministère et cette commission, notamment la manière dont il est rendu compte de la mise en œuvre du PNGMDR*.
Ce projet de règlement sera présenté à la commission de gouvernance du PNGMDR* d’ici fin 2022.
La création de la Commission « Orientations » pour l’élaboration de la cinquième édition du PNGMDR* a été l’occasion d’introduire dans la gouvernance du plan des élus locaux et des parlementaires, en complément des membres historiques du GT* PNGMDR*. Ce mode participatif ne semble néanmoins pas adapté aux contraintes liées aux charges des élus.
Des travaux seront donc menés pour faire progresser la participation des élus à la gouvernance du PNGMDR*, via des modalités spécifiques. Une réflexion sera ainsi lancée par le ministère en lien avec les élus volontaires afin de définir un cadre de dialogue adapté. Une proposition sera établie en ce sens par le ministère, qui pourra reposer sur des présentations en séances de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST*), des commissions chargées de l’énergie au Parlement ou des groupes de réflexion dédiés aux élus. Cette proposition pourra également proposer aux élus de cibler certains sujets techniques pour lesquels ils pourraient être plus particulièrement sensibles.
S’agissant de la participation directe de représentants de la société civile à la commission de gouvernance du PNGMDR*, les conditions n’ont pas pu être réunies pour une mise en œuvre au sein de la Commission « Orientations ». Afin qu’elle soit efficace, il apparaît aujourd’hui nécessaire d’évaluer plus précisément la forme que pourrait prendre une telle participation (participation aux instances, groupe miroir, « ateliers de la relève », collectif citoyen, relais via les commissions locales d’information [CLI*], etc.) en lien avec sa faisabilité pour les acteurs impliqués. Le ministère conduira des travaux de réflexion afin d’éclairer ce sujet et de proposer des recommandations en vue de la préparation de la sixième édition du PNGMDR*. Le Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN*) pourrait être interrogé sur sa vision du sujet dans le cadre de cette réflexion.
2.2 Un plan destiné à permettre l’association du public en continu
Afin de permettre au public de s’exprimer de manière continue tout au long de la mise en œuvre du PNGMDR* et de l’associer aux réflexions de la commission de gouvernance du PNGMDR*, plusieurs actions d’information, de consultation et de concertation sont prévues sur les principales thématiques de cette cinquième édition. Le détail de ces actions est précisé thème par thème et les modalités de mise en œuvre (dont une partie sont à concerter) viseront à respecter les recommandations du HCTISN*10 sur le sujet :
- assurer une continuité de l’information et de la participation du public tout au long du PNGMDR* ;
- assurer une information et une participation du public aux échelles pertinentes (échelles locales et/ou nationales suivant les sujets) ;
- viser l’ensemble des publics, une diversification devant être systématiquement recherchée (jeunes, seniors, riverains dans le cas de projets locaux, …) ;
- retenir des modalités d’information et de participation du public les plus adaptées possibles, qui favorisent au mieux la mobilisation de chaque catégorie de public visée et qui prennent en compte le fait que le public sera mobilisé à de nombreuses reprises, tout au long de l’élaboration et de la mise en œuvre du plan ;
- prendre en compte les considérations du public et y répondre de façon argumentée.
L’un des grands enjeux du PNGMDR* sera de favoriser la diversité et la coexistence de démarches multiples de dialogue avec les parties prenantes et le public.
Au-delà de l’élargissement de la gouvernance du PNGMDR* à la société civile et de la mise en place d’une plateforme d’information (cf. action GOUV.4), l’association du public sera ainsi un fil directeur de la cinquième édition du PNGMDR*.
L’ensemble des actions prévues dans le PNGMDR* impliquant l’association du public seront publiées sur le site Internet dédié au PNGMDR*.
Le ministère chargé de l’énergie mettra en place d’ici fin 2022 un espace Internet dédié au PNGMDR* destiné à faciliter l’accès du public à l’information concernant la gestion des matières et des déchets radioactifs. Cet espace sera complémentaire de l’espace Internet mis en place par l’ASN*, qui rassemblera l’ensemble des informations factuelles de la gestion des matières et des déchets radioactifs (parties descriptives des précédents plans notamment).
Ce nouvel espace dédié au PNGMDR* rassemblera sur un portail unique de la manière la plus exhaustive possible les informations et sources relatives à la gestion des matières et déchets radioactifs, notamment les informations relatives à ses impacts sanitaires et environnementaux, et sera le relais vers le public de la mise en œuvre du PNGMDR* (mise en ligne des avis rendus par la gouvernance notamment). Des renvois vers les sites des acteurs de cette politique, y compris les acteurs non institutionnels, seront prévus. Le site permettra au public de faire remonter les questions complémentaires que la lecture de ces informations appelle afin que des réponses lui soient apportées.
2.3 Associer la gouvernance du plan à la définition des modalités d’évaluation de la gestion des matières et déchets radioactifs
Compte tenu des enjeux posés par la gestion des matières et déchets radioactifs, celle-ci doit faire l’objet de démarches d’évaluation « robustes » et partagées.
Le II de l’article L. 542-3 du code de l’environnement dispose que doit être organisée, au moins tous les 10 ans, une évaluation du dispositif juridique et organisationnel de gestion des matières et déchets radioactifs, et de sa mise en œuvre, intégrant notamment le PNGMDR* ainsi que l'organisation des autorités administratives compétentes en la matière.
Cette évaluation vise ainsi en particulier la gouvernance du PNGMDR* et la façon dont les orientations du PNGMDR* sont définies et mises en œuvre mais également de manière plus générale le cadre de gestion des matières et des déchets radioactifs et de son contrôle.
Une première évaluation a été organisée en 2018 par la revue internationale ARTEMIS mentionnée précédemment.
Des travaux seront lancés sous l’égide du ministère chargé de l’énergie, en lien avec les parties prenantes et la société civile, pour proposer un cadre spécifique pour la prochaine évaluation, ainsi que les modalités de présentation de ses enseignements au public.
Ces propositions seront soumises à la consultation du public et de la gouvernance du PNGMDR* en vue de finaliser un rapport cadre pour mener l’évaluation. L’évaluation sera menée au plus tard en 2028 sous le pilotage du ministère.
Par ailleurs, en vue de cette évaluation et afin de faciliter le suivi du PNGMDR*, le ministère chargé de l’énergie rendra compte régulièrement à la commission de gouvernance du PNGMDR* de l’avancement des études et actions prescrites. La définition des indicateurs retenus sera précisée à cette occasion.